Un siècle au service de la collectivité
100 totalement abandonnée. En 1994, les 13 foyers encore restants ne représentaient plus que 2.8 % 5 du chiffre d’affaires global de DSR. La réorganisation en profondeur de l’Armée suisse n’est cependant pas seule en cause. Deux ten- dances sont à l’œuvre : la diminution objective de l’activité et l’essor de DSR dans des services plus prometteurs ( voir plus loin ). Pour DSR, ce changement est également révélateur de l’évo- lution constatée durant la deuxième moitié du XX e siècle qui est sa lente mue vers le monde des affaires nettement opposé au caractère social et moralisant de l’élan original. LES RESTAURANTS ET LES HÔTELS DSR Durant de nombreuses années, DSR va exploiter ses propres établissements publics. Ils seront au nombre de 21 en 1959 6 . Ils rencontrent un succès prépondérant partout en Suisse romande, de l’hô- tel de la Croix-Bleue de Porrentruy à « L’Ancre » à Genève, en passant par le fameux «Carillon » de Lausanne. Peseux, La Chaux-de-Fonds, La Neuveville, Montreux, Sierre sont également desservis, parmi beaucoup d’autres. Aucun de ces établissements ne sert d’alcool et la population les apprécie pour cette distinction. Sur la base de ses recherches, Pierre Avvanzino relève les qualités de ces restaurants : « DSR accorde de l’importance aux notions d’accueil et de service et veille à la qualité de la nourriture qui se veut savoureuse et saine. » 7 Ces structures vont ensuite connaître une concurrence considérable, notamment avec l’arrivée des géants suisses de la distribution qui ouvrent des restaurants dans leurs grands magasins. Les possibilités de restauration de midi dans les entreprises participent également du désintérêt pour les établissements publics de DSR — qui sera présent dans ces cantines d’entreprise ( voir ci-après ). Dès 1969, des fer- metures ont lieu et la chute est vertigineuse. En 1984, le rapport annuel de DSR ne mentionne l’existence que d’une seule structure. Celle-ci sera close peu après. DSR AU CŒUR DES ENTREPRISES ET DES ÉCOLES Les habitudes dans le monde du travail se mo- difient. Le passage à la semaine de cinq jours restreint le temps à disposition pour la pause de midi. Une première phase de pénurie de per- sonnel ( remarquée dans les années 1960 8 ) incite les sociétés à proposer des services adaptés à leurs collaborateurs et collaboratrices. Ce faisant elles développent également leur attractivité en tant qu’employeur. DSR compte à ce moment-là déjà une longue expérience de service dans des espaces professionnels. Ce sera un atout pour l’entreprise. « L’activité de réfectoire tend à de- venir la principale de DSR» 9 , peut-on lire dans le rapport de 1959. La progression est constante : de 11 restaurants d’entreprises en 1944, DSR passe à 100 en 1984 ! L’évolution est similaire dans les écoles supé- rieures ( secondaire II et tertiaire ). La qualité du service, la souplesse d’organisation et les offres adaptées remportent un grand succès. Il n’y qu’une cantine d’école gérée par DSR en 1944, puis 10 en 1984 et l’accroissement ne fera que se poursuivre 10 . Chapitre 7 5 Chiffre mentionné in : DSR, Rapport annuel 1994 6 Les «Foyers civils» et les «Restaurants et hôtels» sont ici regroupés ; plusieurs références montrent que la distinction entre les deux types de structures était souvent difficile à opérer. 7 Pierre Avvanzino ; Le DSR face à l’avenir de son passé ; Ed. DSR ; Rolle, 2018 8 Source : Memorabilis 9 DSR, Rapport annuel 1956 10 Voir tableau récapitulatif
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