Un siècle au service de la collectivité
14 troubles sociaux que la consommation exagérée pouvait amener dans les familles et la vie sociale l’ont également conduit à mener des actions de prophylaxie et de prévention. Les principes fondateurs de la société s’ins- pirent alors largement de ceux des groupes né- phalistes anglo-saxons, dont L.-L. Rochat avait fait connaissance lors d’un séjour à Paddock-Wood en Angleterre. Ces principes sont : abstinence totale et définitive ; soutien d’un ami ou d’un an- cien buveur solidaire ; aide de Dieu ; bénévolat ; absence de prohibitionnisme 5 . L’appui des Eglises fut rapide et le mouvement connut un essor conséquent, la surconsommation d’alcool étant apparue comme un fléau social très important. RAPPROCHEMENT DES DEUX ASSOCIATIONS Une collaboration s’engagea rapidement entre les UCJG et la Croix-Bleue. Louis-Lucien Rochat noua, depuis Cossonay, des contacts avec Charles Fermaud ( 1855-1937 ), président de l’Union Chrétienne de Jeunes Gens de Ge- nève. Ce dernier avait également séjourné en Angleterre et avait été conquis par le bien-fondé de l’abstinence. Il devint membre du comité de la nouvelle société de tempérance le 24 septembre 1877. Les deux mouvements furent rapidement actifs auprès des militaires. En 1857 par exemple, les troupes du Général Guillaume-Henri Dufour ( 1787-1875 ) rencontrèrent des «Unionistes » : «On remit à Neuchâtel des Nouveaux Testaments aux soldats vaudois, soleurois, bernois et argoviens cantonnés dans cette ville. En 1860, l’UCJG — alors [ à la rue ] Tiraillet — ouvrit ses salles à des bataillons confédérés, venus à cause de troubles qui agitent la Savoie. Plus tard, les services armés se multipliant, des agents militaires furent choisis dans chaque canton pour grouper les soldats en «Union de bataillons, soit dans les casernes, soit dans d’autres cantonnements. Puis on créa des salles de lecture et de correspondance. Vers 1895, un travail semblable ayant été entrepris, de leur côté, par les sociétés de la Croix-Bleue, une liste commune fut élaborée. » 6 Ainsi, le 11 octobre 1901, « unionistes et tempé- rants », réunis à Yverdon, constituèrent la «Com- missionmilitaire romande des Unions Chrétiennes de Jeunes Gens et de la Croix-Bleue de la Suisse romande ». Celle-ci dura jusqu’en 1919. 7 Parallèlement, un travail fut accompli auprès des «internés», c’est-à-dire desmilitaires français et belges accueillis en Suisse après une incarcération en Allemagne. Nombre d’entre eux souffraient de la tuberculose. Une «Commission romande des internés » est fondée. Celle-ci permettait d’offrir à ces soldats « autre chose qu’une hospitalité banale » 8 . En 1918, à lasortiede laguerre, lecolonel Edouard Wildbolz, commandant du 2 e corps d’armée, écrit à l’adresse des Commissions (militaire et des in- ternés ) : «Vous, vos amis, vos donateurs, ainsi que les femmes suisses qui se sont vouées auxœuvres du soldat, nous ont rendu un service immense. Ce que vous avez créé dans ces temps historiques doit nous rester, nous devenir un symbole. » 9 Chapitre 1 5 dito 6 Théophile Geisendorf-Des Gouttes ; Servir ceux qui servent ; Ed. Labor, Genève, 1939 (p. 5) 7 Source commune : «Servir ceux qui servent» et «Memorabilis» 8 Servir ceux qui servent, p. 1 9 dito, p. 2
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