Un siècle au service de la collectivité

159 L’ évolution des structures ( surtout depuis 1945 ), détaillée au chapitre précédent, entraîne une évidente mutation de la relation entre l’employeur et l’employé. Une lecture globale des différentes sources à disposition permet de dégager les tendances significatives de cette relation dans l’organisation 1 . A la lecture des récits et rapports datant des premières années d’existence du DSR, il est pos- sible de penser que l’action de terrain fut portée par des personnes qui mêlaient ( souvent avec abnégation) activité professionnelle et mission de service, voire de moralisation de la vie publique. Le service au DSR s’apparentait à du travail social, comme en témoignent les textes suivants. Dans un article de 1994 sur les Foyers du soldat, ces derniers sont décrits comme « […] une vraie communauté où le soldat se retrouve lui-même […]. » 2 L’employé du DSR serait chargé de cette communauté, comme un travailleur social en charge d’un groupe de personnes. A l’assistance à des groupes s’ajoute celle envers des individus, comme le décrit Geisendorf-DesGouttes à propos d’actions en faveur de chômeurs à Genève : « Le moment où il faut s’approcher d’eux et essayer de les comprendre, c’est l’hiver […] moment où, de par l’initiative d’hommes de cœur, leur est offert du chocolat bouillant accompagné de pain chaud. » 3 Les archives révèlent aussi les efforts de certains employés qui vont au-delà des limites professionnelles imaginables aujourd’hui : « En 1919, dans le foyer des jeunes à Lausanne, un gérant et son aide se répartissaient les tâches. Le service commençait soixante minutes avant l’ouverture, fixée à huit heures du matin. Les deux restaurateurs fermaient l’établissement à vingt-trois heures et terminaient leurs travaux de nettoyage vers minuit. » 4 Les documents à disposition pour cette période pionnière ne permettent toutefois pas de trouver des indications précises sur les conditions de travail et la politique salariale. Pour le «wattman » et sa femme engagés à Genève en 1931 5 , par exemple, rien ne permet de constater quelque élément contractuel que ce soit liant ce couple au DSR. Il y eut à cette époque de nombreux engage- ments volontaires : pour faire vivre les cinémas itinérants, pour organiser des conférences ou pour l’animation de celles de Vaumarcus. Les témoignages et les rapports à disposition laissent penser que ces activités étaient bénévoles. Nous manquons toutefois de sources permettant de l’affirmer. Si les informations sur les conditions salariales font défaut, il est une discussion à propos des conditions de travail qui a laissé des traces. Les fondements chrétiens deDSRne sont pas étrangers à ce débat qui fut majeur en 1921 au sein du DSR. La question était alors : le congé dominical doit-il être respecté ou non? Il s’agissait alors d’ouvrir le Foyer La Violette à Lausanne sept jours sur sept. Un tel horaire n’allait pas de soi. William Barbey ( 1842-1914 ), fondateur de cet endroit pionnier des Foyers du Soldat, était un chrétien convaincu fortement attaché au principe du congé domini- cal. Pour preuve, cet homme « soutint, presque entièrement à ses frais, en 1893, la construction 1 Les principales sources d’information étant dans les extraits de Rapports annuels, il s’agit d’une vision de gouvernance sur l’état de l’opérationnel, sur ces questions précises. 2 50 ans Département Social Romand, 1919-1969, cité in : Auteur inconnu ; recherche historique DSR ; archives DSR ; 1994 3 Geisendorf-Des Gouttes ; Servir ceux qui servent ; Ed. Labor, Genève ; novembre 1939 4 Auteur inconnu ; recherche historique DSR ; archives DSR ; 1994. De plus le gérant était «un homme énergique qui sait remettre en place – ou à la porte – les éléments de désordre.», selon les archives de la police, citées dans la même source. 5 voir chapitre 3

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