Un siècle au service de la collectivité

181 P our mesurer les évolutions au cours de ce siècle d’existence, il est nécessaire de rappeler que la Fondation a été créée par les Unions Chrétiennes de Jeunes Gens et par la Croix-Bleue, dans un contexte d’importants changements de société 1 . La création de DSR s’est réalisée avec la volonté forte d’accomplir une mission, résumée par le titre du livre de Geisendorf-Des Gouttes : Servir ceux qui servent . Deux valeurs essentielles se dégagent d’em- blée : la promotion des références chrétiennes et d’une vie sans alcool. Leur mélange et la mise en perspective – avec une société en plein boulever- sement – ont amené bon nombre d’acteurs deDSR à considérer le travail à effectuer, non seulement comme un service à la communauté, mais comme une véritablemission. Ainsi, en 1921, l’ouverture d’un baraquement au centre de Lausanne est motivée par le fait de « faire concurrence à des attractions trop souvent dissolvantes [ que connaissent les adolescents ] lorsqu’ils rôdaient de pinte en bar, et de bar en ciné ». 2 Cette vision de l’engagement de DSR tout comme la référence aux valeurs des fondatrices ont vécu des changements tout au long de ces 100 ans d’histoire. LA RELATION À L’ALCOOL En 1919, on l’a vu, l’engagement en faveur d’une limitation du recours à l’alcool — et des dégâts sociétaux liés — a été un des points forts des ac- tions de DSR. Après 1945, la fondation DSR s’est retrouvée confrontée à des exigences différentes, se basant également sur un rapport au monde qui avait été sensiblement modifié, notamment sur le plan des libertés individuelles. Dans les années 1950 déjà, les gérants sont amenés à avoir « davantage de tolérance quant à la consommation des boissons alcoolisées. » Dans le Foyer des étudiants de Lausanne, « les professeurs qui voulaient […] offrir une tournée de vin devaient commander leurs bouteilles sans solliciter les instances de DSR. » 3 Ces exemples de passage « sous la table » se multiplient de façon similaire dans des restaurants d’entreprise. Les dirigeants du DSR empoignent la question du service de boissons alcoolisées à la fin des années 1970. Ils en débattent vigoureusement. En 1979, une commission spécifique est créée. Les échanges sont virulents, notamment entre les représentants des Unions Chrétiennes de Jeunes Gens et ceux de la Croix-Bleue. La conduite des réflexions requiert beaucoup de tact, de fermeté et d’adresse. Les risques de ne pas décrocher des marchés, voire d’en perdre, sont probants et les prises de position déterminées de l’organisation sont de plus en plus difficiles à tenir. Des com- promis ont dû alors être trouvés afin d’assurer la pérennité de l’entreprise et des emplois. Après plus d’une année de discussions dans des groupes de travail ad hoc, il est décidé le 26 avril 1980 de la tenue d’une assemblée générale extraordinaire sur ce thème brûlant. Elle aura lieu le 21 août 1980. La décision tombe. Il devient autorisé aux exploitants de DSR d’enrichir leur assortiment par des boissons alcooliques. 1 Voir chapitres 1-5 2 Geisendorf-Des Gouttes ; Servir ceux qui servent ; Ed. Labor, Genève ; novembre 1939 3 Auteur inconnu ; recherche historique DSR ; archives DSR ; 1994

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