Un siècle au service de la collectivité
32 Service, solidarité et… conditions difficiles Durant les périodes de guerre, des mobilisations importantes furent réalisées parmi la population civile, dans une volonté de solidarité vis-à-vis des militaires. Ainsi de nombreuses personnes ont travaillé dans le cadre des Foyers du soldat. Quelques témoignages montrent des heures de travail innombrables et des conditions d’hé- bergement très spartiates. Une des femmes engagées dans les Foyers du soldat durant la guerre de 1939 à 1945 a publié ses mémoires en 1946 dans le journal de la Croix-Bleue. Elles ont pour titre : «Au service du Département Social Romand, quelques souvenirs d’une gérante de foyers du soldat » 21 . Cette femme témoigne de sa motivation pour s’engager dans ce service; en l’occurrence, sa volonté était d’affirmer sa foi chrétienne en « rendant un service en faveur du prochain». Elle travailla dans un foyer fréquenté par des soldats suisses alémaniques, alors qu’elle ne maîtrisait pas la langue allemande. Elle connut elle-même les rigueurs auxquelles les militaires mobilisés devaient faire face pendant l’hiver. Elle écrit : « les froides journées, le bois vert qui fume dans le fourneau, la glace qui pendant la nuit se glisse dans le foyer par-dessous la porte et dont le joint n’est que relatif, l’arrivée au matin, quand il faut, avant de pouvoir entrer, manier la pelle et le balai ». Elle ne compte pas ses heures : « Il neige à gros flocons et c’est tard dans la soirée ; je laisse le foyer ouvert pour ces soldats qui arrivent enfin ». Comme les chambres d’hôtel n’étaient pas toujours disponibles près du lieu de stationnement de la troupe, la gérante devait alors se contenter, pour son repos, d’un peu de paille répandue dans un recoin de l’établissement. Quelques rares jours de « vacances réglementaires » annuelles étaient octroyés par les instances du Département Social Romand. La personne concernée fait part toutefois de sa satisfaction d’avoir pu, en certaines oc- casions, le dimanche, transformer le foyer en lieu de culte. «Un jeune homme, incorporé dans les troupes sanitaires, accepta d’assumer la fonction de prédicateur dominical ». conclusion de son ouvrage Servir ceux qui servent qui est signé d’avril 1939 : «On connaît le proverbe chinois : l’avenir est un bosquet vu de loin : qui sait s’il recèle une maison ou un tombeau ? Il dépend de nous – et de nous principalement! – que demain soit, non certes, un tombeau, mais la Maison du Père. Car cet avenir-là est le seul que Dieu veut». 19 Le rapport annuel du DSR de 1938-1939 inter- roge : «Qui, parmi les gens raisonnables, malgré ou à cause de la guerre des nerfs, malgré les mobilisations étrangères, pouvait croire à une pareillemonstruosité?Qui pouvait penser que les leçons de la précédente guerre étaient oubliées à ce point ? Cependant personne ne perdit la tête, chacun se mit au travail avec courage ». 20 Durant la guerre, 240 foyers sont opérationnels dans le Réduit, les Préalpes et les Alpes, parti- culièrement dans le Simmental, le Pays d’Enhaut, le Chablais et en Valais. Le DSR poursuit son adaptation et construit des maisons en dur, plus spacieuses, comprenant des salles de consomma- tion, de conférence, de jeux et de correspondance. Ceci augure de la suite de cette activité et des prochaines périodes qui attendent le DSR. Chapitre 2 19 Geisendorf-Des Gouttes ; Servir ceux qui servent ; Editions Labor, Genève, 1939, p. 174 20 Rapport annuel 1938-1939 de DSR, cité in : Memorabilis 21 cité par : Auteur inconnu ; recherche historique DSR ; archives DSR ; 1994
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